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Cher connard, Virginie Despentes

Cher Connard est le dernier roman de Virginie Despentes, sorti le 17 Août 2022 aux éditions Grasset.

Résumé

Cher Connard est un roman épistolaire. On y suit la correspondance de Rebecca, actrice, et d’Oscar, écrivain. Tous deux parlent de leurs vies respectives, entre amours, addictions, relations, carrière… et le shitstorm qui tombe sur le coin de la gueule d’Oscar. Oscar a merdé, et Zoé, son attachée de presse et victime, en parle sur son blog.

À travers cette correspondance et ces personnages attachants se cache un essai politique et féministe très bien mené, et qui amène à réfléchir sur notre société, la cancel-culture, les réseaux sociaux, le militantisme, le harcèlement, les addictions.

Cher Connard, Virginie Despentes. Grasset.
22€ en format papier, 15,99€ en format numérique.

Source image: Grasset

Meilleurs extraits

Imagine qu’à la place des femmes qui sont tuées par les hommes, il s’agisse d’employés tués par leurs patrons. L’opinion publique se raidirait davantage. Tous les deux jours, la nouvelle d’un patron qui aurait tué son employé. On se dirait, ça va trop loin. On doit pouvoir aller pointer sans risquer d’être étranglé ou criblé de coups ou abattu par balles. Si tous les deux jours, un employé tuait un patron, ce serait un scandale national. Pense à la gueule des gros titres : le patron avait déposé trois plaintes et obtenu un ordre d’éloignement mais l’employé l’a attendu devant chez lui et l’a abattu à bout portant. C’est quand tu le transposes que tu réalises à quel point le féminicide est bien toléré. Les hommes peuvent te tuer. Ça flotte au-dessus de nos têtes. On le sait.

Les mères, je remarque surtout qu’on a toujours quelque chose à redire sur leur façon de s’occuper des petits. Elles sont trop présentes ou pas assez, elles s’en occupent trop ou elles ne pensent qu’à elles, elles les surprotègent ou elles les abandonnent. Supercherie. Les mères, elles font ce qu’elles peuvent. Comme les pères, d’ailleurs.

Évidemment, parfois les femmes mentent. Soit qu’elles n’ont aucun scrupule, soit qu’elles pensent que c’est légitime. Mais le pourcentage d’affabulatrices reste infime, parmi les victimes, tandis que le pourcentage de violeurs parmi la population masculine devrait vous alerter sur le délabrement de vos sexualités. Et pourtant, je vous vois bien plus scandalisés à l’idée de la possibilité d’une accusation injustifiée que vous ne l’êtes de savoir qu’il y a des violeurs parmi vos amis.

Qu’est-ce que j’ai pensé de Cher connard ?

J’ai eu du mal à me plonger dedans, au début. Puis certains passages ont vraiment résonné en moi. J’ai fini par m’attacher aux personnages et à partir de là, je n’ai plus décroché et me suis prise dans l’histoire.

C’est vraiment un livre que je peux conseiller à toustes. Il pourrait bien plaire aux personnes s’intéressant au féminisme qui trouvent les essais indigestes mais qui souhaitent tout de même avoir des lectures les amenant à réfléchir.

En revanche, si ce roman est très actuel, je pense que les personnes plus âgées n’utilisant pas les réseaux sociaux pourraient se sentir lésées, tout comme les réacs d’extrême droite pourraient crier au “wokisme”. À conseiller à toustes, en évitant les boomers qui estiment “qu’on ne peut plus rien dire” .

J’ai vraiment beaucoup aimé Cher Connard et serai sûrement amenée à le relire. J’ai quand même l’impression qu’il est tellement actuel qu’il ne vieillira pas si bien que ça : d’ici quelques années, ma fille pourra t-elle l’apprécier de la même façon que moi aujourd’hui ? Mais je divague. (vague)

Lisez le et revenez m’en dire des nouvelles!

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