Soirée dating sympa entre un homme et une femme. Monsieur vient chercher Madame, et notre couple d’un soir va au restaurant. Qui paye la note? Le principe même de la galanterie voudrait que l’homme règle l’addition sans même que madame s’en aperçoive. Mais pourquoi ce serait nécessairement à monsieur de payer alors que sa dulcinée travaille et a les moyens de régler? En 2022, les mœurs ne sont plus les mêmes qu’en 1940 où les femmes n’avaient ni le droit de vote, ni le droit de travailler et d’avoir un compte bancaire. Et pourtant, la galanterie est encore là. En quoi est-ce problématique? La galanterie est-elle féministe, ou au contraire sexiste?
DISCLAIMER : L’article est volontairement cis-hétéro centre à cause du
principe même de galanterie.
Sommaire
La galanterie : origines et exemples.
Origines
La galanterie a commencé à entrer dans les mœurs au tout début du XVIIe siecle dans les salons de l’aristocratie française. A ce moment là, ce n’était pas encore celle que l’on connaît aujourd’hui. C’était une forme de politesse appliquée tant par les hommes que les femmes.
C’est la cour de Louis XIV qui modèle la galanterie à l’image de l’amour courtois et de sa littérature, faisant devenir la galanterie l’art de plaire aux femmes. Cette littérature est surtout lue par ces dernières, éduquant les hommes à adopter les mêmes codes de conduite.
Au XVIIIe siècle, la galanterie se popularise dans les milieux libertins, créant donc le lien entre galanterie et désir. (Les anciens L qui se sont tapés la lecture des Liaisons Dangereuses, on est ensemble!). Elle retrouve tout de même son principe de savoir-vivre en société.
Aujourd’hui
De nos jours, la galanterie représente une série de “bonnes manières “que les hommes doivent avoir envers les femmes. Cependant, la galanterie fonctionne à sens unique. Il n’est pas attendu que les femmes le soient avec les hommes. Un homme galant, dans le langage courant, c’est un gentleman. Une femme galante, au contraire, représente une femme “de petite vertu”, comprendre une femme avec une sexualité libérée, voire même une travailleuse du sexe. Comme quoi, même dans notre langue, il y a du sexisme intériorisé.
Exemples d’attitudes galantes
- L’homme paye la note au resto
- L’homme fait passer la dame avant
- Monsieur ouvre la porte à la dame
- L’homme aide la dame à mettre son manteau
- L’homme raccompagne la femme chez elle
- Monsieur tire la chaise de la dame avant qu’elle s’assoie
Pourquoi c’est too much?
Égalité des genres
Les points communs entre ces manières? Ces attitudes sont très infantilisantes. Et oui, mis à part certaines situations de handicap, nous sommes capables d’ouvrir seules une porte, de mettre notre manteau ou de nous asseoir seules sur une chaise. Ces attitudes sont aussi sexistes dans le sens où un homme ne ferait pas ces gestes à l’encontre d’un autre homme.
Ces manières “galantes” ne font que nous rappeler que l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes est encore loin. Nous ne sommes pas faites de sucre. Mais nous tirer la chaise ou nous tenir les portes, et globalement nous assister à outrance, c’est ridicule aujourd’hui. Les femmes ne se battent pas contre les inégalités pour continuer d’être traitées comme des enfants.
Galanterie et courtoisie
Il est facile de tomber dans le biais d’oublier toute courtoisie. Galanterie et courtoisie sont pourtant bien aux choses différentes. Là où la galanterie nous prendra pour des sucres fragiles en nous tenant les portes, la courtoisie n’est pas sexiste. Payer la note au restaurant est courtois et apprécié quand on sait les inégalités de salaires entre les hommes et les femmes.
L’autre gros problème de la galanterie, c’est qu’elle peut aussi être intéressée. Oui, la galanterie est utilisée en date par des hommes pour que leur invitée leur soit redevable, et que ce soit “réglé” par un rapport sexuel. C’est très malsain. Pas toujours, on le sait. Mais ça arrive.
Comparé à la galanterie, ce n’est pas pour essayer d’obtenir un ticket pour du cul ensuite, c’est désintéressé. Nous raccompagner le soir, c’est une vraie mesure de sécurité, comparé à nous tirer une chaise ou nous tenir la porte. Il n’y a qu’à voir les statistiques des agressions que subissent les femmes.
Galanterie = sexisme, acte potentiellement intéressé, infantilisation, fonctionnant à sens unique
Courtoisie = politesse, acte désintéressé, considération, respect, fonctionnant à double sens
Conclusion
La galanterie passait très bien à une certaine époque durant laquelle la femme n’avait pas d’indépendance. Aujourd’hui, heureusement, les mœurs ont changé mais certaines habitudes sont coriaces. Il faudrait passer de la galanterie à la courtoisie, afin que l’invitée ne se sente plus redevable après un restaurant, et surtout, pour petit à petit permettre l’égalité que les féministes souhaitent. La courtoisie n’est pas sexiste comparé à la galanterie, et peut même s’exercer dans les deux sens, ainsi que dans toutes les configurations de couples. Le sexisme, on le verra dans un prochain article, n’est pas toujours le sexisme hostile dont on a l’habitude. Il est plus discret, et tellement intégré dans nos mœurs qu’on n’y fait plus attention. Dans le cas de la galanterie, on appelle ce sexisme le sexisme bienveillant.
Que penses-tu de ces idées ? Prêt•e à passer de la galanterie à la courtoisie afin d’avoir des relations plus saines?
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Bonjour,
Dans la galanterie, l’homme ne fait pas toujours passer la dame avant lui.
Dans les escaliers, par exemple. En montant pour ne pas reluquer ses fesses. En descendant pour pouvoir la rattraper si elle devait trébucher.
En entrant dans un restaurant ou un bar pour vérifier si l’endroit est sûr (ok, pour celle-là, nous ne sommes plus avec des échoppes malfamées comme au moyen-âge).
Experience perso ne fait pas loi mais lorsque je suis en groupe et que j’arrive le premier à une porte, je l’ouvre et la tiens pour que la ou les personnes la passe(nt) ; qu’il y ait des femmes ou non.
Je me considère comme étant galant et n’ai jamais eu d’arrières pensées de récompense sexuelle pour ces actes.
Il est assez étrange que le seul acte galant valorisé soit le paiement d’une note de resto et mis du côté de la courtoisie. Faudrait savoir.
Il y a aussi un biais de pensée en imaginant que la courtoisie ne soit pas intéressée par une récompense.
Il y a encore tant à dire mais je terminerai en disant que les mouvements féministes successifs ont permis de faire avancer les choses mais qu’il reste tant à faire. Ne pas oublier que le but du féminisme c’est la véritable égalité entre la femme et l’homme, le respect sincère mutuel. Difficile de se sortir de millénaires de dogmatisme religieux et patriarcal.
Le féminisme ne pourra gagner sans prise de conscience et évolution des hommes. Un clivage femme / homme comme cela semble être la tendance n’amènera rien de positif.
« Pas tous les hommes », encore une fois? Visiblement, tu as préféré te baser sur 2 contre-exemples et ta vie personnelle pour aller contre un réel travail de recherches… et c’est dommage. Comme tu le dis dans ton commentaire, effectivement, une expérience personnelle n’a pas la valeur d’une preuve. Pour revenir à ton exemple, c’est cool que tu tiennes la porte. Cependant, il n’est pas question de galanterie dans un exemple puisque tu tiens la porte à une personne, quel que soit son genre. C’est donc de la courtoisie, pas de la galanterie.
Concernant l’exemple de l’escalier, le fait que l’homme passe derrière peut être très gênant. Déjà parce qu’on n’a pas plus de chances de trébucher qu’un homme, et que si on est en jupe, ça peut permettre à monsieur de voir ce qu’on porte dessous.
Dans tes contre exemples, il y a du sexisme puisque hiérarchie entre les genres. Une femme n’a pas besoin plus qu’un homme d’être rattrapée si elle trébuche. Une femme ne trébuche pas non plus plus qu’un homme. Donc oui, ton ego est content parce que tu as contredit par principe. La forme y était, mais pas le fond. Dommage. J’ai l’impression que tu confonds galanterie et courtoisie. La différence est pourtant très simple: la galanterie ne va que dans un sens et est basée sur une hiérarchie des genres alors que la courtoisie va dans les deux sens, indépendamment du genre des personnes concernées.
Extrait de l’article que tu as peut-être oublié: « Les points communs entre ces manières? Ces attitudes sont très infantilisantes. Et oui, mis à part certaines situations de handicap, nous sommes capables d’ouvrir seules une porte, de mettre notre manteau ou de nous asseoir seules sur une chaise. Ces attitudes sont aussi sexistes dans le sens où un homme ne ferait pas ces gestes à l’encontre d’un autre homme. »
Il est impossible d’être pour la galanterie et pour le féminisme en même temps. C’est comme être végétarien mais être boucher: ça n’a aucune cohérence.
Déconstruire nos idées sexistes, qu’on soit homme ou femme, c’est difficile et ça prend plus ou moins de temps selon les personnes. Le sexisme est insidieux et peut être en apparence bienveillant, mais nous sommes tellement formatés à ça depuis notre enfance qu’on ne le remarque même plus. Oui, toute personne peut tenir des propos sexistes sans même s’en rendre compte. Même moi, j’ai pu en avoir, je ne suis pas parfaite. L’important, c’est d’être capable de remettre en question ses principes une fois qu’on les a compris, et c’est compliqué, ce genre de remises en question. Ce serait mentir que de dire le contraire.
Ressources: Not All Men: pourquoi on ne veut plus l’entendre
Not Qu’est-ce que le sexisme?
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