Tu assistes à un débat houleux, que ce soit sur les réseaux sociaux ou pendant un repas de famille qui s’éternise. Dans ce débat, deux camps s’affrontent. Tu as d’ un côté Tonton Jean-Relou et de l’autre la cousine que la famille voit comme une membre du Wokistan qui sont à un cheveu de s’envoyer le poulet rôti à travers la gueule. Le sujet de discorde? Le harcèlement de rue. La cousine généralise que les hommes sont des porcs et le Tonton rapplique d’un “pas tous les hommes” ou “not all men” avant qu’elle ne quitte la table tellement qu’elle est exaspérée.
Pourquoi la réponse à base de “pas tous les hommes” exaspère autant les féministes ?
Par souci de grosse flemme totalement assumée, on raccourcira parfois le terme “pas tous les hommes” en NAM pour Not All Men, son équivalent en Anglais.
Sommaire
Qu’est-ce que le Not all men?
Origine
Le terme Not All Men s’est largement popularisé fin 2017 sur Twitter suite au mouvement #MeToo. Ce mouvement est une grande prise de parole des femmes qui dénoncent leurs agresseurs sexuels et violeurs de façon publique. La réponse de la majorité des hommes? « Tous les hommes ne sont pas comme ça.”
Et pourtant, ce NAM date de bien avant #MeToo. C’est l’éditorialiste Jess Zimmerman qui retrace l’histoire de cette phrase toute faite prête à l’emploi dans le Time en 2004.
Le NAM est une réaction à la dénonciation des inégalités que subissent les femmes de la part des hommes. Cette réaction est problématique pour plusieurs raisons. Elle ferme totalement la discussion, silenciant de ce fait une victime qui a le courage de parler et de dénoncer. Aussi, elle met une grande claque à la personne qui s’exprime en lui signifiant qu’elle n’a aucun bon-sens, aucun discernement. C’est bel et bien un outil patriarcal pour réduire au silence la parole des femmes et cautionner le sexisme.
Statistiques
Un autre terme qui nomme la généralisation des comportements problématiques chez les hommes est le #Mentretrash. Malheureusement, si les femmes se permettent de généraliser, c’est qu’il existe des statistiques qui existent sur ce sujet, et elles sont effrayantes.
- En France, une femme est violée toutes Les 7 minutes.
- La victime connaît son violeur 9 fois sur 10.
- Une femme sur deux subira une forme de violence sexuelle au cours de sa vie.
- 2% des plaintes pour viol déboucher sur une condamnation.
- 12% des victimes portent plainte. Ce chiffre inclue aussi les femmes qui ont du retirer leur plainte, il y a donc moins de 12% de plaintes pour les victimes de viol.
- 73% des plaintes sont classées sans suite.
- 9 fois sur 10, la victime est une femme.
- Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou de son ex.
- La majorité des auteurs de violence sont des hommes.
- 22% a des hommes reconnaissent avoir commis au moins une agression sur une femme.
- En 2020, les forces de sécurité ont mis en cause 27 900 personnes (soit un nombre équivalent à 2019), quasiment tous des hommes (97 %), pour des crimes ou des délits de violences sexuelles.
- 27% des Européens considèrent que la victime de viol a “cherché” si sa tenue est jugée sexy.
- 12% des femmes majeures ont subi au moins un viol au cours de leur vie.
- 16% des femmes de 18 à 69 ans ont été victime de viol ou de tentative de viol.
- 43% des femmes ont subi au moins une fois des gestes sexuels sans consentement.
- En 2017, 53% des Françaises ont été victime d’agression sexuelle ou de harcèlement.
- 96% des victimes majeures sont des femmes. 78% des victimes mineures sont des filles.
- Plus de 8 femmes sur 10 ont déjà été harcelées dans les transports en commun.
Sources de ces statistiques: INSEE ONDRP enquête Cadre de Vie et sécurité portant sur La période 2012 à 2018 — Étude de la Fondation Jean Jaurès en 2018 — Rapports annuels du Ministère de la Justice de 2018 et 2016 — SSMSI (Service Statistique du Ministère de l’intérieur), 2018 — INED, 2016 — IFOP, 2019 — Commission Européenne, 2016 — Inserm, 2006 — FNAUT 2006 — Ministère de l’Intérieur (fichier PDF sur les violences sexuelles)
Donc peut être que oui, “pas tous les hommes”. Mais assez pour que les femmes soient légitimes de généraliser.
En quoi le not all men problématique
Quand une femme généralise un comportement masculin, elle ne vise pas tous les hommes dans leur individualité, mais les hommes problématiques.
Se justifier par du Not All Men est égocentrique. Pourquoi? Parce que c’est ramener le sujet à soi alors que le sujet concerne quelqu’un d’autre. Parce que quand on a envie de répondre par un gros NAM, le contexte et qu’une femme a dénoncé une inégalité dont elle a été victime.
Petit point contradiction masculine: Pourquoi les hommes qui brandissent le Not All Men sont les mêmes que ceux qui veulent nous raccompagner le soir parce que se promener seule dans la rue est dangereux pour une femme? Not All Men.. Quand ça les arrange?
Il y a trois cas de figure différents face à un désir de répondre Not All Men:
- Le besoin de se justifier.
Au delà du simple égocentrisme. c’est surtout chercher à se justifier sans même avoir été incriminé. sauf qu ‘il n’y a aucun intérêt à se justifier comme ça… sauf quand on a quelque chose à se reprocher. - L’homme qui ne se sent pas concerné.
Celui qui ne sent pas visé par un fait négatif généralisé à la gente masculine n’a aucun besoin de se justifier puisqu’il ne fait pas partie du groupe incriminé. Sa conscience est réellement tranquille, rien à prouver. - Celui qui répondra Not All Men de façon naïve et sincère.
On ne peut pas tout savoir et personne n’est parfait. Cependant, depuis 2017, les militantes féministes le disent partout que le not all men ne passe pas. Faire l’erreur une fois d’accord, mais il serait bien de ne plus reproduire cette erreur à l’avenir. Toutes n’auront pas l’envie ou la patience de les éduquer, c’est quelque chose que les adultes peuvent faire d’eux-mêmes.
On le sait que tous les hommes ne sont pas problématiques. Nous avons toutes et tous des hommes dans notre entourage : pères, frères, cousins, amis, amants… Même les misandres! Cependant, au vu des statistiques et des expériences de chacune, un homme peut-être un potentiel agresseur.
Quand on généralise ou que l’on évite les hommes, on parle bien de ceux qui nous mettent mal à l’aise. Heureusement que les hommes bien existent, et qu’ils font ce qu’ils peuvent pour nous aider à faire évoluer les mentalités : ils sont des alliés.
Conclusion
Quand on généralise sur les hommes ou qu’on dit “men are trash”, on ne parle que des concernés, des hommes dangereux. Il n’y a pas à répondre “pas tous les hommes” pour x raisons:
- On le sait,
- Si tu n’as rien à te reprocher, tu n’as pas à te sentir visé et répondre du “not all men”,
- Nous avons toutes des hommes dans notre entourage,
- “Not all men”, mais assez pour pouvoir généraliser: la majorité des agresseurs sont des hommes, toutes victimes confondues. Les hommes et les enfants se font aussi agresser par des hommes. Je te propose de regarder les faits-divers et de compter le nombre de fois ou l’agresseur est un homme, et le nombre de fois ou l’agresseur est une femme, quand ce n’est pas de la légitime défense.
Évidemment que les féministes voudraient d’un monde sans agressions pour ne pas avoir à généraliser. Sauf que ce monde n’existe pas encore, et que généraliser n’est pas forcément faux quand on se fie aux statistiques.
Si tu lis cet article et que tu es un homme, deviens un allié, et pas un homme qui scande des “pas tous les hommes” à chaque fois qu’on généralise. Un article arrive bientôt sur le sujet.
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