Le patriarcat, c’est un système de pouvoir et de domination souvent discuté et débattu par les militant.e.s féministes et leurs allié.e.s, mais aussi par ses détracteur.rice.s. Mais qu’est-ce que le patriarcat, réellement? Comment est-ce qu’il fonctionne et se manifeste dans notre société? Le patriarcat influence notre société de multiples façons, en perpétuant des inégalités de genre, en limitant les opportunités pour les personnes n’étant pas des hommes cis, et en favorisant les stéréotypes et les rôles de genre traditionnels. Il est important de reconnaître et de déconstruire les manifestations du patriarcat pour créer une société plus égalitaire et inclusive pour tous les genres.
DISCLAIMER
Cet article, tout comme les autres présentant les bases du féminisme, sont d’abord à destination des personnes qui ne connaissent pas le sujet et qui souhaitent apprendre. Les articles plus pointus pourront ensuite être compris par plus de personnes.
Quand on construit une maison, on commence par ses fondations, et ensuite on s’attaque au reste. Pour le féminisme, c’est pareil. On commence par les bases, et ensuite on attaque les sujets plus spécifiques.
Sommaire
En théorie
Dans un premier temps, il faudrait définir ce qu’est le patriarcat.
Le patriarcat est un système social, politique et culturel dans lequel les hommes détiennent le pouvoir et exercent une domination sur les femmes. C’est une structure de pouvoir qui favorise les hommes et perpétue l’inégalité entre les genres. Dans les sociétés patriarcales, ce système considère les hommes cisgenre et hétérosexuels comme supérieurs, et leur offre plus d’accès aux ressources, au pouvoir et aux opportunités. Quant aux femmes et tout individu n’étant pas un homme cisgenre et hétéro, on les place dans la case des subordonnées.
Le patriarcat se manifeste à travers des normes de genre rigides, des stéréotypes sexistes et des discriminations systémiques. Son existence a des conséquences profondes sur tous les aspects de la vie des individus, des relations personnelles aux structures politiques et économiques.
En pratique
Les exemples donnés dans cet article seront rapidement évoqués, sinon l’article serait trop long et plutôt indigeste à lire. Cependant, ils seront tous approfondis dans une catégorie d’articles dédiés aux inégalités.
Le patriarcat a des conséquences profondes sur notre vie quotidienne.
Genre stéréotypé et restreint
Le patriarcat créé des inégalités de genre. Il maintient des inégalités entre les hommes, les femmes et personnes sexisées. Les conséquences importantes dans différents domaines de la société. Cela se voit clairement dans des domaines comme les emplois. Ces inégalités persistent malheureusement, et limitent les choix et les possibilités des femmes dans de nombreux aspects de la société… En les marginalisant et les soumettant.
Aussi, le patriarcat impose des normes de genre rigides, engendrant une adaptation attendue des comportements en fonction du sexe. Cette contrainte réduit l’autonomie individuelle et génère des pressions sociales visant à se conformer à ces normes. Malheureusement, cela peut entraîner des conséquences préjudiciables telles que la diminution de la confiance en soi, de l’estime de soi et de l’épanouissement personnel.
Le patriarcat existe dans des exemples très courants de notre quotidien, au point que l’on n’y fait même plus attention. Le rose et les poupées pour les filles et le bleu et les dinosaures pour les garçons, c’est patriarcal. Dès le berceau, la société nous catégorise en fonction de notre genre assigné.
Violences normalisées
Le patriarcat contribue à la persistance de la violence et de la discrimination à l’égard des femmes et personnes sexisées. Elles sont plus souvent victimes de violence domestique, de harcèlement sexuel, d’agressions sexuelles et d’autres formes de violences liées au genre. De plus, elles font face à des discriminations dans divers domaines de la vie, tels que le travail, la santé, la sexualité, etc.
Il suffit malheureusement de regarder les statistiques sur les agressions sexuelles pour voir le patriarcat à l’œuvre. 97% des auteurs de viols sont des hommes, et 9 victimes sur 10 sont des femmes. De plus, on a prouvé que le coupable ne viole pas par désir sexuel mais par volonté de dominer.
As-tu déjà entendu parler de la charge mentale? L’idée de la charge mentale englobe la notion selon laquelle on considère les femmes comme responsables des tâches ménagères et des soins familiaux. Par exemple, on assigne le ménage à Madame et le bricolage à Monsieur. Maman connaît tous les traitements médicaux de toute la famille… Alors que Papa ne sait même pas où est le carnet de santé des enfants. Madame épluche les patates pendant que Monsieur prépare le barbecue…
Cette assignation arbitraire de responsabilités engendre une charge de travail supplémentaire pour les femmes, les empêchant souvent de s’engager pleinement dans d’autres domaines de leur vie quotidienne. Par exemple, cela peut limiter leur participation au travail rémunéré, à la formation et aux loisirs. Cette restriction a des conséquences sur leur épanouissement personnel, leur développement professionnel et leur autonomisation. Il est donc nécessaire de remettre en question ces stéréotypes de genre ancrés dans la société. Promouvoir un changement mental et structurel est essentiel pour permettre aux femmes de jouir pleinement de leurs droits et de vivre sans entraves par des attentes traditionnelles préjudiciables.
Les hommes en souffrent aussi
Oui, le patriarcat est le cancer de notre civilisation. Les personnes qui n’ont pas le privilège d’être des hommes cisgenres sont lésées à cause de leur genre, et voient leur quotidien rendu difficile à cause de ce qui devrait n’être qu’un détail.
Mais il ne faut pas oublier un point important: le patriarcat fait aussi souffrir les hommes. Les hommes ne souffrent pas de sexisme, mais de leurs propres injonctions patriarcales. C’est ce que l’on appelle la masculinité toxique.
La masculinité toxique est un ensemble de comportements, de normes sociales et de stéréotypes associés à la masculinité traditionnelle. Elle est souvent caractérisée par une pression sociale exercée sur les hommes pour qu’ils se conforment à des normes rigides de virilité telles que la domination, la force, l’agressivité et la suppression des émotions. Parce qu’ils sont des hommes, ils doivent se montrer forts, ne pas pleurer, cacher leurs sentiments, ne pas paraître “efféminés”, sous peine de ne pas être considéré comme de “vrais” hommes.
Le patriarcat leur impose d’être dominant, violent et conduit les hommes à des conséquences néfastes. Par exemple, elle peut restreindre leur expression émotionnelle, les pousser à adopter des comportements risqués ou violents. Aussi, elle peut les amener à se sentir obligés de toujours paraître forts et dominants. Cette pression sociale peut également entraîner des problèmes de santé mentale, comme la dépression, l’anxiété et les troubles de l’alimentation, en raison du sentiment d’échec ou de ne pas être à la hauteur des attentes de la société. Et c’est le serpent qui se mord la queue: la pression fait angoisser, et l’homme angoisse d’être angoissé, et perd confiance en lui parce qu’il ne correspond pas à l’idéal masculin qu’il souhaiterait représenter.
Quelques exemples de masculinité toxique:
- Les statistiques sur les accidents de la route: Les hommes conduisent plus violemment que les femmes. Mais quand on aime le déni, on dit qu’on a une conduite “sportive”.
- L’alcoolisme: les hommes boivent plus que les femmes.
Conclusion
Il est crucial de reconnaître que ces normes patriarcales peuvent exercer une pression sociale sur les individus, en les poussant à se conformer aux attentes et aux rôles assignés par la société. Cela peut entraîner une perte d’estime de soi, une sensation de dévalorisation ou même des problèmes de santé mentale. Le patriarcat existe et fait des ravages, quel que soit notre genre.
Une des revendications du féminisme est de renverser le patriarcat afin d’aller vers une société plus égalitaire et plus juste. Il faut donc massivement expliquer ce que c’est, afin que chaque personne déconstruise, à son rythme, ses mécanismes patriarcaux intériorisés.
Au fil de mes échanges, j’ai souvent constaté que les hommes pensent qu’abolir le patriarcat, c’est nécessairement passer au matriarcat. Premièrement, c’est faux. Ensuite, c’est très représentatif de leur masculinité toxique: ils n’imaginent pas une société sans rapports de dominations entre les genres. Peut-être se rendent-ils compte, un peu, de leur violence?
Qu’ils ne souhaiteraient pas être traités comme ils traitent les femmes et minorités de genre?
Il est donc primordial de remettre en question ces normes et de promouvoir une société plus égalitaire, où chacun peut s’épanouir sans être limité ou jugé en fonction de son genre.
Bonjour,
Je voulais vraiment comprendre le patriarcat, comment il subsiste dans mon pays, et les pistes d’améliorations à apporter. Mais j’ai ensuite pris une vidéo de le monde, qui se nomme “comprendre le patriarcat en 3 minutes”.
https://www.lemonde.fr/comprendre-en-3-minutes/video/2024/01/28/qu-est-ce-que-le-patriarcat-comprendre-en-trois-minutes_6213485_6176282.html
Les chiffres présenter par vous, pour cet article, semble vraiment biaisé. On ne peut pas passer d’une différence injustifiée de salaire à temps et qualifications égale de au moins 10% à 4% d’une source à l’autre. Autant les autres chiffres au dessus sont sourcés par la note de l’INSEE de 2017 que pour ce chiffre là il semble venir de nul part.
Le chiffre sur la proportion de femme dans les viols est aussi bien trop haut, pour vous 90%, pour le monde 75%.
comprendrelefeminisme.fr est un site biaisé. Il fait honte aux femmes tant la manipulation des chiffres vient tâcher l’image des feministes…
Bonjour,
Merci pour votre commentaire.
Comme vous avez du le remarquer, mon article a été écrit en 2023. La vidéo dont vous parlez a été publiée en 2024. De l’eau a coulé sous les ponts, les statistiques évoluent.
Puisque l’exactitude des chiffres semble vous importer, passons en revue tous les chiffres mentionnés dans cet article, ainsi que les sources utilisées et partagées.
Une seule statistique est présentée dans cet article, qui n’est pas un rapport statistique: il évoque des faits. Chaque fait est relié à l’article qui lui correspond. Cette statistique vient de l’article Not All Men: pourquoi on ne veut plus l’entendre, publié le 7 Juin 2022. Cet article contient beaucoup de statistiques… qui étaient à jour au moment de son écriture. Toutes les sources sont citées, et je pense que vous n’en avez consulté aucune.
Voici un copié-collé du bloc de sources utilisées dans cet article. Regardez bien les dates des dites sources.
Si les chiffres mentionnés ont évolué – et c’est sûr -, les tendances sont toujours les mêmes: les femmes sont toujours plus mal payées que les hommes, sont en majorité celles qui sacrifient leurs carrières pour élever les enfants…
Si vous pensez donc que mon travail “fait honte aux femmes tant la manipulation des chiffres vient tâcher l’image des feministes“, je vous invite à faire mieux. Et à ce moment là, nous pourrons en discuter autrement que par des attaques personnelles.
Les féministes n’ont pas besoin de moi pour être mal vues par les personnes à qui profite le patriarcat. Nous le sommes déjà, parce que nous revendiquons d’être traitées en égales.