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Le sexisme, qu’est-ce que c’est?

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On entend beaucoup parler du sexisme, et encore plus depuis le mouvement #MeToo. Tantôt toutes les femmes en sont victimes, tantôt pas du tout, ou alors mieux, “on ne peut plus rien dire sans être taxé de sexiste”. Le moment est venu de rétablir la vérité sur ce qu’est le sexisme. Parce que quel média féministe peut exister et lutter contre le sexisme sans même expliquer ce que c’est? Qu’est ce que c’est, concrètement? Quelles sont les différentes formes de sexisme? Quels sont donc les recours face à des propos sexistes?

Qu’est-ce que le sexisme?

En théorie

Si on ouvre le dictionnaire, on apprend que le sexisme, c’est une attitude discriminatoire envers un sexe. Si l’on veut aller plus loin dans l’inclusion, le sexisme dans son sens littéral est une attitude discriminante envers un genre plutôt qu’un sexe. Le genre et le sexe sont deux éléments différents.

On pourrait en rester là, sauf que le sexisme dont on parle ici et contre lequel lutte le féminisme est bien spécifique. Il est spécifique parce qu’il est inhérent au système de la société dans laquelle nous vivons, qui est le système du patriarcat.

Ce sexisme bien particulier cible avant tout les femmes et les minorités de genre. Il place les hommes en position dominante par rapport à ces dernières, puisque dans un système patriarcal, le pouvoir est d’office offert aux hommes. C’est ainsi que se définit le sexisme contre lequel nous luttons : cest le sexisme systémique.

Qu’il soit systémique ou non, le sexisme est le contraire du féminisme. Le féminisme est un mouvement de lutte contre les inégalités entre les genres alors que le sexisme les hiérarchise.

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le sexisme En pratique

C’est bien beau de connaître la définition du sexisme, mais tout ceci est théorique. Passons maintenant à la pratique! Il y a quatre sous-genres de sexisme, du plus agressif au plus subtil. Il peut être hostile, banalisé, bienveillant ou ambivalent.

Si ce sont les femmes et les minorités de genre qui sont touchés par le sexisme, les comportements sexistes viennent en majorité des hommes, et parfois des femmes. Oui, même des femmes peuvent être sexistes.

Le sexisme hostile

Cette forme est celle qui nous vient le plus souvent à l’esprit quand on pense au sexisme. C’est la conception traditionnelle du sexisme. Cette forme hostile est violente, virulente, misogyne, machiste et vise à punir les femmes qui ne respectent pas les idées des sexistes hostiles. Ce sexisme se traduit par différents comportements:

  • Outrages sexistes,
  • Remarques gênantes,
  • Insultes,
  • Harcèlement moral et sexuel,
  • Violences physiques, morales et sexuelles,

… et plus globalement, toute attitude ou comportement menaçant à l’égard des femmes.

Exemples :

  • Etre rabaissée/moquée/insultée parce que femme,
  • Attitudes de mépris envers les femmes,
  • Propos misogynes, machistes,
  • Tacles dégradants sur la sexualité.

Les conséquences envers les victimes du sexisme hostiles sont nombreuses. Parmi elles, les victimes peuvent devenir misandres et donc éviter et mépriser les hommes. Cependant, la misandrie n’est pas comparable au sexisme, puisque les hommes ne subissent pas ce que subissent les femmes, et que la misandrie est une réponse au sexisme. Sans sexisme, pas de misandrie.

Le sexisme banalisé

Cette forme de sexisme est relativement méconnue, malgré ses conséquences. Ce sont des propos et comportements sexistes acceptés par la société, que l’on peut trouver dans toutes les situations.

Par exemple :

  • «Les jurons/la cigarette/l’alcool, ce n’est pas beau chez une femme»
  • Les blagues: sur les blondes, sur les femmes au volant…
  • Appeler une femme “fille”: c’est infantilisant.
  • Rose pour les filles, bleu pour les garçons…
  • Vêtements pour enfants à messages: “fort comme papa”, “pipelette comme maman”…
  • Les préjugés:
    • Les femmes ne sont pas bonnes en maths,
    • N’y connaissent rien en mécanique,
    • Trop émotives
    • Insupportables quand elles ont leurs règles…

Le sexisme bienveillant

Celui-ci est probablement le plus insidieux. C’est considérer la femme comme une petite créature fragile à protéger ou à aider. Cette forme de sexisme repose sur la position dominante de l’homme et la prétendue faiblesse des femmes. Il partage des principes avec le sexisme hostile en considérant les femmes inférieures aux hommes, mais avec ce besoin de surprotéger une petite créature fragile. Le but de ce sexisme est principalement de booster l’ego des hommes en se rendant indispensables, en estimant qu’une femme ne peut pas s’en sortir sans lui.

Ce sexisme, même si à priori bienveillant, rappelle les rôles que chacun doit tenir en se basant sur des préjugés. Il n’est pas moins néfaste que le sexisme hostile.

Ce type de sexisme peut avoir pour conséquence de créer des pensées intrusives chez la femme, la faisant croire qu’elle est dépendante d’un homme, et ainsi briser sa confiance en elle. La galanterie en est le parfait exemple.

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Autres exemples de sexisme bienveillant:

  • Les attitudes paternalistes :
    • Considérer qu’il faut accompagner une femme au garage,
    • L’aider pour faire un créneau, pour faire des tâches à priori réservées aux hommes comme
      du bricolage,

Le sexisme ambivalent

Celui-ci est un mélange entre le sexisme hostile et le sexisme bienveillant. Oui oui, c’ est possible. Il prend en compte la supériorité présumée des hommes et le fait qu’ils soient dépendants affectivement des femmes, douces et attentionnées. Le pouvoir exercé est dyadique: l’oppresseur éprouve des sentiments antipathiques et paternalistes pour la même personne.

Cette forme de sexisme a pour conséquences que la victime se sente prise au piège, entre menacée et protégée. Elle peut aussi se retrouver en situation de dépendance affective, financière et pratique.

Par exemple, au sein d’un couple cisgenre et hétérosexuel, l’homme peut vouloir protéger sa compagne parce qu’elle est selon lui fragile, immature et trop innocente, et à la fois la mépriser de par la dépendance qu’il créé.

Quelles sanctions contre le sexisme?

Le sexisme peut-être sanctionné au pénal: il s’agit d’une discrimination. Les actes sexistes peuvent être attaqués sous différents angles, suivant la teneur et le contexte des actes sexistes. Porter plainte en gendarmerie ou commissariat de police peut être extrêmement éprouvant, parce que nous ne sommes pas forcément pris•es au sérieux par les forces de l’ordre. Il est donc possible de porter plainte par courrier au procureur de la république.

Outrage sexiste

L’outrage sexiste se traduit par des propos ou comportements à connotations sexistes et/ou sexuelles, qui touche à la dignité de la victime et la met dans une situation pénible.

L’amende pour outrage sexiste est de 750€ à 1500€, suivant les facteurs aggravants commis par l’agresseur. Il peut aussi être contraint à des peines complémentaires comme l’obligation d’assister à des stages de citoyenneté, de lutte contre le sexisme et de sensibilisation à l’égalité des genres, aux frais de l’agresseur évidemment. Il peut aussi être contraint à des travaux d’intérêts généraux.

Conclusion

Même si les textes français garantissent l’égalité des genres, en pratique, ce n’est toujours pas le cas.

Le Haut Conseil à l’égalité entre les Femmes et les Hommes fait état d’une situation alarmante:

  • 78% des femmes ont subi un acte ou des propos sexistes.
  • 13% des femmes ont subi au moins un viol ou une agression sexuelle.
  • 53% des Français•es, tout genre confondu, constatent que les actes et paroles sexistes sont de plus en plus fréquents, et pourtant, ressentent un manque d’information et de prévention contre le sexisme.
  • 77% des Français•es constatent que le sexisme reste impuni.
  • 86% des Français•es mettent en place des stratégies d’évitement pour tenter de ne pas être victimes d’outrages sexistes.
  • 16% des hommes considères qu’une victime de violences sexuelles l’a quand même bien cherché.
  • 1 Français•e sur 2 considère les féminicides comme étant des assassinats sexistes.

Les femmes et minorités de genre sont les grand•es perdant•es face au sexisme, véhiculé par le patriarcat et perpétué par les hommes. Et malgré les moyens mis en oeuvre pour sanctionner le sexisme, il reste toujours globalement impuni. Les victimes de sexisme en arrivent à mettre en place des stratégies d’évitement pour se protéger du sexisme, vous rendez-vous compte de la gravité de la situation? Parmi ces stratégies d’évitement figure la misandrie, qui consiste à éviter les hommes le plus possible pour se protéger. Et non, la misandrie n’est pas du sexisme envers les hommes, la misandrie est une stratégie d’évitement.

Donc les gars, vous attendez quoi pour vous remettre en question? La balle est dans votre camp. Tant que les femmes se sentiront menacées, elles vous éviteront et lutteront comme elles peuvent pour changer les mentalités. Quant aux femmes sexistes, il n’y a pas d’âge pour s’éduquer sur le sujet et contribuer à changer les mentalités.

Pour aller plus loin…


Sources

Glick, P. & Fiske, S. T., The Ambivalent Sexism Inventory: Differentiating hostile and benevolent sexism, Journal of Personality and Social Psychology, 1996,70, 491-512., Cairn, Arrêtons les violences (gouvernement français), Antoine de Gabrielli, Diversité en entreprise: Les trois dangers du sexisme bienveillant, 2012, Marie Sarlet et Benoit Dardenne, Le sexisme bienveillant comme processus de maintien des inégalités sociales entre les genres, L’année psychologique, 2012, PUF, Service-public: l’outrage sexiste, Rapport 2022 sur l’état du sexisme en France

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